dimanche 3 janvier 2016

1. À l'échelle scientifique

Derrière tout le plaisir et le bien-être qu’un signe d’affection peut apporter, se cachent de nombreuses actions de notre cerveau pour nous faire ressentir ces sentiments.

A. Le système limbique

Une partie de notre cerveau, le système limbique, joue un rôle très important dans notre comportement et nos émotions. Il est en partie composé du thalamus et de l’hypothalamus.

Le thalamus, représenté en rouge sur l’image ci-dessus, est composé d’une paire de noyaux gris cérébraux (Zones du système nerveux central contenant les corps des neurones). Ce centre nerveux reçoit les informations sensitives et sensorielles et les renvoie vers le cortex cérébral.


L’hypothalamus, indiqué en rouge ci-dessus, est situé au cœur du cerveau et sert de «pont » entre le système nerveux et le système endocrinien (responsable de la régulation de certaines hormones). Il est en partie impliqué dans le fonctionnement des émotions.

Tous les deux sont responsables de la sécrétion de peptides (éléments chimiques de la famille des protéines) et de neuropeptides (peptide sécrété par un neurone) comme l’endorphine et l’ocytocine (produits par l’hypothalamus et stockés par le thalamus qui les libérera en cas de besoin), qui joueront un rôle essentiel dans les sentiments et les émotions liés à l’affection.

B. Les hormones

L’endorphine est émise par le thalamus et l'hypothalamus lors de moments d'efforts physiques, d'excitation intense, de douleur, ou d'orgasme. Les endorphines peuvent agir sur la douleur en se fixant sur des récepteurs morphiniques se situant dans le thalamus au niveau des centres spécifiés à la douleur. Elle amène à une sensation de relaxation, de bien-être ou même d'euphorie dans certains cas.

L’ocytocine est émise par le thalamus et l'hypothalamus lorsque l'on reçoit des signes d'affection. Elle contribue à développer l'attachement à une personne.

La dopamine est un élément produit en grande quantité lors de la réception d’affection. Elle procure une sensation de plaisir et de récompense, qui amène au bien-être. Elle peut agir sous forme de neurorécepteurs (substances chimiques assurant la transduction d'une information d'un neurone à une cellule), provenants de l’acide aminé tyrosine. Elle est produite dans la substance noire (au centre du cerveau) et dans l'aire tegmentale ventrale, situées dans le mésencéphale (en rouge sur l’image ci-dessous)


Mais elle peut aussi être produite, comme l’endorphine et l’ocytocine, par l’hypothalamus en tant que neurohormone (hormone sécrétée par un neurone). Les frissonnements, provenant d’une sensation de plaisir sont dus à la sécrétion de dopamine.

Ces trois éléments, hormone, peptide ou neuropeptide, sont donc à l’origine du bien être et du bonheur, du plaisir que l’on reçoit. Souvent, plus on reçoit d’affection, plus on en a besoin; cela est dû à l’addiction que certaines de ces hormones et peptides peuvent provoquer, notamment la dopamine.

C. Pourquoi se tient-on la main ?

James Coan, un psychologue à l'University of Virginia a fait des études sur la raison pour laquelle on se tient la main. Il a raconté ses expériences et ce qu'il en a conclu lors d'une conférence qu'on peut voir dans cette vidéo :

Pour son expérience, il a convoqué plusieurs couples dans son laboratoire. Une des personnes est placée dans un scanner à cerveau. Coan essaie de rendre la situation de cette personne la plus inconfortable possible, en lui envoyant des décharges électriques. La personne dans le scanner voit apparaître soit un cercle bleu, qui veut dire qu'elle ne recevra aucun choc, soit une croix rouge, qui veut dire qu'il y a 20% de chances qu'elle reçoive une décharge électrique. Cette situation a pour but de rendre la personne très anxieuse.
L'expérience est répétée trois fois ; La première fois, la personne dans le scanner est seule ; la seconde fois, elle tient la main d'un inconnu ; la troisième fois elle tient la main de son/sa partenaire.
Lorsque la personne est seule, les images du cerveau montrent une très grande activité : «Your brain sort of lights up like a Christmas tree », (votre cerveau s’illumine comme un sapin de noël).
Lorsque la personne tient la main d'un étranger, les parties du cerveau qui correspondent à la réaction aux situations inconfortables sont moins actives.
Lorsque la personne tient la main de son partenaire, l'activité du cerveau diminue fortement, notamment dans le cortex préfrontal (à l'avant du cerveau). Cette région est associée à la façon dont la personne contrôle ses émotions. C'est à dire que le fait de tenir la main de son partenaire est suffisant pour que la personne dans le scanner contrôle ses émotions et son anxiété. Coan a aussi remarqué une baisse de l'activité dans la région de l'hypothalamus, qui est responsable du relâchement des hormones de stress.

On peut donc conclure de cette expérience que lorsque l'on tient la main d'une personne ne se sentant pas bien, inconfortable, anxieuse... on l'aide à réguler son stress et à se sentir plus à l'aise.   

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