dimanche 3 janvier 2016

2. À l'échelle psychologique

L'affection a des effets bénéfiques sur la santé et le mental et ne pas en recevoir a aussi des conséquences sur le développement de la personnalité.
Virginia Satir, une psychothérapeute américaine, a émis une hypothèse selon laquelle on aurait besoin de « 4 câlins par jour pour survivre, 8 câlins par jour pour s'entretenir et 12 câlins par jour pour mûrir »!

La pyramide de Maslow

La pyramide de Maslow montre les besoins vitaux de l'homme en commençant par le bas. Maslow affirme que lorsqu‘ un besoin est satisfait, apparaît aussitôt un nouveau. Ainsi, lorsque les besoins physiologiques ou de sécurité sont satisfaits, les besoins d'appartenance, d'estime et de s'accomplir prennent la suite car ils sont aussi  importants. Cela montre que l'affection est nécessaire à l'homme mais qu'il a tout de même des besoins élémentaires incluant la faim et la soif qu’il doit satisfaire pour survivre.

http://jeveuxseduire.fr/pourquoi-faire-appel-a-un-coach-en-seduction-partie-2-pyramide-de-maslow/

L'affection et l'enfant

L'affection doit commencer dès le plus jeune âge, un âge où l'individu est encore fragile et nouveau au monde. Même si le bébé n'est encore pas conscient de ce qui l'entoure ni des mots qu'on peut lui adresser, il est impératif de communiquer, d'être présent pour son enfant en lui témoignant de l'affection et de l'attention, en l'aimant en somme.
De nombreux psychologues et scientifiques ont étudié ce besoin d'affection et de contact, en particulier chez l'enfant.

A. Empereur Frédéric II (1194-1250)

Au XIIIème siècle, le roi Frédéric II de Prusse, qui parlait neuf langues, voulait savoir quelle était la langue "naturelle" de l'être humain. Pour lui, l'enfant choisirait une langue comme le latin ou encore le grec. Il ordonna alors de mettre six nourrissons en place avec des nourrices chargées de les nourrir, les endormir, les baigner et ainsi de suite… Mais la règle était donnée aux nourrices de ne surtout pas communiquer avec eux et ne jamais leur parler. Au fil du temps, les bébés moururent un à un et aucun n'apprit une langue à la grande surprise du roi!
Ce fut une expérience qui ne lui apprit rien à propos de la langue "naturelle" de l'Homme. La seule conclusion qu'il put tirer de cette expérience était que le nourrisson avait besoin, pour survivre, de bien plus qu'une réponse à des besoins physiques mais qu'il avait aussi des besoins sociaux et affectifs. 

B. René Spitz (1887-1974)

René Spitz, un psychiatre et psychanalyste américain d'origine hongroise, s'intéressa, dans les années 1940, au développement de l'être humain qui était privé d'interactions sociales avec d'autres êtres humains. L’expérience qui nous intéresse fut réalisée avec deux groupes distincts d'enfants.
Le premier groupe, composé de sept nouveaux nés, se trouvait dans un orphelinat où une infirmière était chargée de s'occuper d'eux. Chaque nouveau-né était placé dans un berceau, séparé de sa mère et de toute activité sociale.
Le second groupe se trouvait dans une prison et les enfants étaient en crèche. Le soin de ces bébés étaient assuré par le personnel pénitencier et par la mère emprisonnée qui pouvait s'occuper de son enfant de temps en temps. Ces nourrissons étaient entourés d'autres enfants, donc en contact quotidien avec d'autres humains.
Les observations portaient sur des enfants d’environ 4 mois en apparence assez semblables, mais à partir de la première année, un changement apparut. Vers la deuxième et troisième année, le développement intellectuel des enfants de l'orphelinat était bien plus inférieur à celui des enfants en prison. Les "orphelins" ne savaient pour la plupart ni parler, ni marcher tandis que les enfants en crèche présentaient beaucoup de similitudes avec les enfants ayant vécu au sein d'une famille dans des conditions dites normales.


En regardant la vidéo, les répercutions du manque d'attention et d'affection sur l’enfant nous paraissent bien plus réelles. Le comportement de ces enfant ne ressemble pas au comportement normal d'un enfant de leur âge. Voir ces enfants sans personne pour leur offrir de l’amour, de la tendresse et de la communication met en valeur l’incroyable importance de l’affection.

C. John Bowlby (1907-1990)

John Bowlby est un psychiatre et psychanalyste britannique qui s’intéressa à la séparation entre mères et enfants durant les bombardements de Londres lors de la deuxième guerre mondiale.
En effet, durant cette période, les mères se sont séparées de leurs enfants afin de les maintenir hors de danger. Les enfants étaient en sécurité, ils étaient bien nourris mais quelque chose leur manquait terriblement : leur mère. Cette séparation avait une mauvaise influence sur les enfants et ils eurent par la suite de nombreux problèmes d'ordre émotionnel, social, etc...
Bowlby a même affirmé que « La relation mère-enfant est aussi vitale pour le développement général du bébé que les vitamines ou les protéines pour le développement physique. »
En 1959, John Bowlby élabora une théorie après son séminaire sur « l’observation du développement émotionnel du nourrisson » à la Tavistock Clinic de Londres. La théorie élaborée s'intitule théorie de l'attachement où il déclare que l'Homme est un être vivant qui a besoin de communiquer, de toucher et d'avoir des relations avec ses semblables et ce, dès le plus jeune âge.  L'enfant naît donc aussi avec un besoin social. Celui-ci a besoin de bien plus que de quelqu'un qui le nourrit pour pouvoir se développer correctement. Il doit, d'après lui, trouver la sécurité mais aussi se sentir à l'aise et en confiance auprès d'une personne adulte de son entourage, cette personne étant généralement la mère de l'enfant. L'attachement entre le nourrisson et sa mère assurera la survie de l'enfant. Effectivement, ce mécanisme appelé attachement s'établit jusqu'aux trois ans de l'enfant, tout ce qu'ont traversé l'individu et sa mère, ou bien une personne qui lui est significative, aura une influence sur de nombreux points de sa vie comme par exemple ses comportements sociaux. 

D. Harry Harlow (1905-1981)

Harry Harlow, un psychologue qui s'intéressait à l'amour, voulut montrer les effets remarquables de ce dernier et procéda ainsi à plusieurs expériences durant les années 60. Une de ses expériences s'intitule "Privation sociale chez le Macaque rhésus". Il s'agit d'une multitude d'opérations tentées sur des singes nouveaux nés :

Isolement total : Dans un premier lieu, Harlow décida d'isoler les singes  juste après leur naissance dans des cages, séparés de leurs mères. Vers deux/trois ans, le psychologue les plaça dans une autre cage avec d'autres jeunes singes. On pouvait décrire leurs comportements par des qualitatifs de « terreur » et de « violence ». Ces singes ne savaient ni comment agir ni comment se comporter et répondaient souvent par des gestes de violence et d'agression. On remarqua que vers l'âge adulte, rien ne changea, le déficit était toujours là. Le problème posé était que non seulement ils réagissaient mal à certaines situations (violence vis-à-vis du partenaire) mais ils ne pouvaient montrer de l'amour à qui que ce soit.

Isolement partiel équipé par un leurre maternel : Pour cette expérience, le psychologue isola chaque singe dans sa propre cage, sans aucun contact physique avec d'autres singes, mais avec la possibilité de les voir et de les entendre. La différence entre cette opération et la précédente est que la cage était équipée de deux cylindres métalliques l'un portant un biberon où le singe pouvait se nourrir et l'autre enveloppé d'un tissu avec une tête en bois censée rappeler la présence maternelle. Harlow remarqua que le singe resta accroché au cylindre recouvert d'un tissu et s'y attacha comme si c'était sa mère. Il ne se détacha de ce cylindre que pour aller boire dans le biberon sur l'autre cylindre.


Dans cette vidéo, on remarque l'attachement que porte le singe à ce substitut maternel. Le singe s'y réfugie en cas d'insécurité et de danger, tel un enfant qui court dans les bras de sa mère quand il a peur. Ce cylindre représente la mère, la figure affective qu'il n'a jamais eue, c'est pour lui une source de sécurité et de réconfort qui lui sera une aide précieuse dans de nombreuses situations. Par exemple, dans une situation où le singe a peur, il s'y accroche pour se sentir mieux ou bien encore, alors que le singe est dans un environnement qui lui est inconnu, il s'y agrippe pour retrouver une certaine assurance et pouvoir explorer les lieux avec plus de sécurité et de sérénité. 

Les répercussions du manque d'affection

L'être humain n'est pas parfait et présente des défauts au niveau de la personnalité. Dans certains cas, ces défauts peuvent être justifiés par un manque de témoignages affectifs au cours de l'enfance. Cette période est nécessaire à l'apprentissage qui va aider l'enfant à communiquer et avoir des affinités avec ses proches afin de mieux se construire et se développer. Il s'agit d'un besoin, d'après Virgina Satir même vital puisque quatre câlins par jour seraient nécessaires à notre survie!
Dans le cas contraire, si nous ne recevons pas assez de ce que l'on peut appeler « signes affectifs » nous ne sommes pas « bien dans notre peau » et pouvons souffrir de problèmes relationnels. Effectivement on peut se sentir seul, indigne d'amour ou d'attention… Ces conséquences peuvent même avoir un impact sur toute une population, dans le cas extrême.
Ainsi ce fait a été clairement démontré par James Prescott, un psychologue américain. Selon ses études il a relevé que les États-Unis faisaient partie des sociétés les plus violentes dans le monde, une constatation qu'il justifie par le manque de gestes affectifs prodigués durant l'enfance par les Américains.
Toutefois, souffrir très tôt d’un manque d'affection n'a pas forcément qu'un impact négatif sur l'enfant. Nous sommes bien conscients que chaque individu ne garde pas qu'un souvenir positif de son enfance mais il ne faut pas nier que ce manque d'amour peut agir comme une « alarme » qui lui rappelle à l'âge adulte de bien faire preuve d'amour envers ses enfants afin de ne pas leur faire vivre la même situation et leur éviter les troubles que peut présenter ce déficit.

Le chanteur Elton John ayant souffert de manque d'affection et d'attention durant toute son enfance affirma, dans une interview au Daily Mail, qu’au quotidien, il tient à dire à ses enfants combien il les aime ; contrairement à son père qui ne lui a jamais prononcé ces mots. Il affirme aussi que ce manque d'attention de la part de son père serait une des raisons pour laquelle il se serait mis aux drogues et à l'alcool.
L'individu est donc capable de tirer des leçons de son expérience pour essayer de remédier au manque d'affection dont il a souffert.

L'enfant sauvage

Un autre exemple pour démontrer  les conséquences du manque d'affection et de contacts humains serait l’histoire de Victor de l'Aveyron, un enfant sauvage né vers 1785 et mort vers 1828.  
Un enfant sauvage est, d'après le site Psychologies.com, un "enfant d'âge varié découvert dans des lieux isolés et plus généralement dans des circonstances où il a été précocement privé de tout contact humain"C'est un individu qui est écarté de toutes interactions sociales, un peu comme les nourrissons dans l'expérience de Spitz, ceux qui se trouvent isolés dans le berceau. La différence est qu'un enfant sauvage n'a même pas à manger, ni un endroit où loger. L'enfant ne trouve aucune réponse à ses besoins sociaux ou physiques. Il est seul au monde.
Pour le cas de Victor de l'Aveyron, un film a été réalisé par François Truffaut racontant l'histoire de ce jeune garçon trouvé dans la forêt. Victor a été recueilli par le docteur Itard, qui va essayer de lui apprendre les bases pour vivre dans notre société (parler, manger correctement, marcher, bien se tenir). Ce film nous montre bien que sans contact humain, sans affection un enfant ne peut pas se développer correctement.


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